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pour le plaisir, massages sensuels pour femme
3 octobre 2012

Réapprendre à m'aimer

 

Réapprendre à m'aimer

Il n’y a pas de réussite facile, ni d’échecs définitifs. (M.Proust)

 

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 Lorsque F. a pris contact avec moi, début Avril 2012, elle l’a fait en ces termes :

« J’ai 40 ans, je ne m’autorise plus à ressentir, je suis une femme battante, mais qui n’a pas de vie sexuelle. J’ai la volonté d’être plus sereine avec mon corps et ainsi pouvoir m’aimer davantage. Je voudrais pouvoir accepter un toucher masculin sans le vivre comme une menace. Pouvez-vous faire quelque chose pour m’aider à y parvenir ? »

Il s’ensuivit plusieurs semaines d’échanges de mails, où nous avons clarifié sa demande et où elle a pu me raconter une partie de son histoire. Oui F. est une battante et elle a dû se relever bien des fois durant sa vie pour continuer à avancer, pour surmonter ses différences. Mais une partie d’elle lui a été volée, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant et cette souillure là, jamais elle n’est arrivée à la surmonter.

Il lui a fallu bien du courage pour prendre la décision de traverser toute la France afin de venir me voir, pour venir peut être affronter les démons qui la hantent encore et pour plonger dans un inconnu qu’elle redoute. Elle se confia à certains proches et, comme toujours dans ce cas, les avis étaient très partagés, entre celles et ceux qui tentèrent de la dissuader et ceux, heureusement très proches qui la soutinrent dans sa démarche. Vu la distance, elle choisit de venir pour une semaine entière, au gîte, en pension complète, pour une totale immersion avec l’espoir de débloquer une situation qui devenait de plus en plus intenable pour elle.

Lorsque F. est arrivée, je la savais terriblement inquiète et elle me confia plus tard qu’elle avait failli renoncer à plusieurs reprises avant que son train ne démarre. Je lui ai laissé le temps de s’installer, puis nous avons discuté pour qu’elle se sente plus en confiance. La première descente vers l’espace massage fut un véritable calvaire pour elle et au fur et à mesure que ce premier massage approchait, je la sentais de plus en plus paniquée.

Je lui ai alors expliqué comment nous allions procéder durant cette semaine. Pour ce premier massage, elle allait rester totalement habillée et c’est elle qui allait choisir lez zones sur lesquelles elle acceptait d’être touchée puis elle pourrait choisir quand le toucher devait cesser. Ainsi, elle prenait progressivement conscience, à la fois qu’elle pouvait avoir le choix, dans sa relation au toucher avec un partenaire et son corps apprenait à reconnaître la différence entre un toucher empathique et ce qu’il gardait comme souvenir de ses agressions. Nous avons poursuivis cette approche durant plusieurs séances, la laissant prendre le temps d’intégrer, puis d’oser la découverte. Au fil de ces séances, elle accepta de se débarrasser progressivement, un à un de ses vêtements jusqu’à arriver, en milieu de semaine à être totalement nue. Une situation tout simplement inconcevable pour elle, seulement quelques jours avant. Elle découvrit ainsi la différence de sensation entre les caresses à travers des vêtements et celles directement sur la peau. Son corps semblait progressivement se réveiller au fur et à mesure que la tête acceptait de céder un brin de lâcher prise et chacune de ses demandes devenait un peu plus audacieuse. Je m’amusais de la voir en fin de semaine, impatiente de redescendre dans l’espace massage, curieuse de la nouvelle découverte que j’allais lui proposer, intriguée par la sensation qu’elle allait ou non ressentir.

Certes, la petite fille abusée est toujours là et F. sait que son chemin de résilience n’est pas terminé. La honte, la culpabilité d’oser demander réparation, d’oser faire le deuil de cet outrage pour qu’une nouvelle vie puisse enfin commencer font leur apparition. Ces doutes la taraudent souvent me confie-t-elle lors de nos échanges de mails qui se poursuivent depuis son retour chez elle. Et nous avançons, pas après pas pour que son être dans son ensemble reconnaisse le fait que ce que la petite fille de huit ans a subit appartient au passé et n’a rien à voir avec ce que la femme de quarante ans est en droit de revendiquer.

L’un des premiers messages qu’elle me fit parvenir après son retour disait ceci :

 

« Cette semaine a été une telle découverte.

Découverte qu’un homme pouvait respecter le corps d’une femme sans lui faire de mal.

Découverte qu’un homme était capable d’écouter les maux d’une petite fille devenue femme mais toujours enfant dans sa tête.

Découverte que j’ai un corps de femme, avec des seins et un sexe et que l’on peut s’y intéresser de manière non violente.

Découverte que ce toucher peut aussi être agréable et gratifiant même si l’appréhension était là. »

 

F. doit revenir avant la fin de l’année pour une nouvelle semaine de découverte d’elle-même.

Je sais que son appréhension est toujours là, mais elle, sait que le but qu’elle vise vaut la peine de l’effort qu’il lui demande.

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